- économie
-
• 1546; yconomie 1370; de économe, d'apr. le gr. oikonomiaI ♦1 ♦ Vx Art de bien administrer une maison, de gérer les biens d'un particulier (économie privée, domestique), ou de l'État (économie publique, politique).⇒ administration, gestion. Gérer sa maison avec une sage économie.2 ♦ Mod. Science qui a pour objet la connaissance des phénomènes concernant la production, la distribution et la consommation des ressources, des biens matériels dans la société humaine. (1773) Économie politique : étude des besoins, de l'organisation de la production, de la circulation des richesses et de leur répartition. « L'économie politique est un schéma d'interprétation de la réalité concrète » (R. Barre). ⇒ macroéconomie. Étudiant qui suit un cours d'économie politique. — Économie appliquée. Économie d'entreprise. ⇒ gestion, microéconomie. — Économie humaine, centrée sur l'analyse des besoins. Économie sociale : ensemble des connaissances relatives à la condition ouvrière et à son amélioration. Économie de la Santé. Économie monétaire, relative aux phénomènes monétaires et au crédit. Économie industrielle. Économie publique. Économie du développement. Économie souterraine, parallèle, regroupant les activités lucratives en marge de l'économie officielle (marché noir, contrebande, travail au noir).♢ Par ext. Ensemble des écoles, doctrines ou courants de pensée économiques. L'économie classique, marxiste. L'économie néoclassique, keynésienne. L'économie de l'offre, préconisant une stimulation de l'offre et de la demande par une diminution de la pression fiscale.3 ♦ (déb. XXe) Activité, vie, régime, système économique; ensemble des faits relatifs à la production, à la distribution et à la consommation des richesses dans une collectivité. Les secteurs de l'économie. Le ministère de l'Économie et des Finances. Économie en croissance, en expansion, en crise. — Économie capitaliste, libérale, de marché. ⇒ capitalisme, libéralisme, ultralibéralisme. Économie dirigée, planifiée, comportant une forte intervention de l'État. ⇒ dirigisme, interventionnisme. — Économie mixte, où se rencontrent à la fois les caractéristiques du capitalisme et du socialisme. Sociétés d'économie mixte, dans lesquelles l'État ou une collectivité publique sont associés à des capitaux privés. — Économie concertée : principe d'organisation des décisions économiques issues d'une collaboration entre l'État et les entreprises. Économie contractuelle. — Économie fermée. ⇒ autarcie. Économie de troc. — La nouvelle économie, dont la croissance repose sur les nouvelles technologies et la mondialisation des marchés qui modifient la loi de l'offre et de la demande, les méthodes de production.II ♦1 ♦ Cour. L'économie. Gestion où l'on évite la dépense inutile. ⇒ épargne, parcimonie, thésaurisation. Avoir le sens de l'économie. Ils ne chauffent pas, par économie. « L'avarice est plus opposée à l'économie que la libéralité » (La Rochefoucauld). « Elle gérait avec une sévère économie son modique avoir » (France). Une réception faite à l'économie, avec le minimum de dépenses.2 ♦ Une, des économies. Ce qu'on épargne, ce qu'on évite de dépenser. Une sérieuse économie. Faire des économies d'énergie. Des économies de bouts de chandelles. Loc. prov. Il n'y a pas de petites économies (cf. Un sou est un sou).♢ Fig. Une économie de temps, de fatigue. ⇒ gain. — Loc. Faire l'économie de (qqch.), s'en dispenser, l'éviter. Vous auriez pu faire l'économie de l'introduction. Réformes dont on ne peut pas faire l'économie (⇒ incontournable, indispensable) .♢ (1829) Au plur. Somme d'argent que l'on a économisée. Avoir des économies. ⇒ pécule, réserve; aussi 2. bas (de laine). Mettre, déposer, placer ses économies à la Caisse d'épargne. Var. fam. Des éconocroques (1913) .III ♦1 ♦ (XVIIe) Littér. Organisation des divers éléments d'un ensemble; manière dont sont distribuées les parties. ⇒ ordre, organisation, structure. L'économie du corps humain. L'économie d'une loi. « Avec quelle pénétration d'esprit il jugea de l'économie de la pièce » (Racine). « L'économie même de son œuvre gigantesque, certes, mais hâtive, fiévreuse, encombrée » (Henriot).2 ♦ Relation, articulation des parties d'un système. Économie d'un projet. — Ling. Principe d'organisation de l'énergie pour satisfaire aux besoins de la communication et au principe du moindre effort. « Économie des changements phonétiques », de Martinet.⊗ CONTR. Dépense, gaspillage, prodigalité. — Désordre.Synonymes :- épargneContraires :- prodigalitéCe qu'on épargne, qu'on évite de dépenserSynonymes :- gainContraires :- perteRégulation, organisation visant à une diminution des dépenses, à une...Contraires :- dépense- largesse- libéralitéOrganisation des parties d'un ensemble, d'un système ; structureSynonymes :économien. f.rI./rd1./d Soin à ne dépenser que ce qui convient; épargne dans la dépense. Vivre avec la plus stricte économie. Ant. gaspillage, prodigalité.d2./d GEST économie d'échelle: réduction des coûts unitaires des produits fabriqués par une entreprise lorsqu'elle accroît sa capacité de production.d3./d Ce qui est épargné. Il n'y a pas de petites économies. économie de temps, d'énergie.— Fig., Fam. économie(s) de bouts de chandelles .|| (Plur.) Argent épargné. Avoir des économies.rII./rd1./d Administration, gestion d'une maison, d'un ménage, d'un bien. économie domestique.|| Didac. économie privée, publique, mixte.— économie politique: science (nommée auj. science économique) qui a pour objet l'étude des phénomènes de production, de circulation, de répartition et de consommation des richesses.— économie rurale: science des procédés tendant à obtenir le meilleur rendement d'un sol.— économie du développement: partie de l'économie qui étudie les phénomènes économiques propres aux pays en développement.d2./d Ensemble des faits relatifs à la production, à la circulation, à la répartition et à la consommation des richesses dans une société. Avoir une économie florissante.— économie fermée, dans laquelle les échanges internationaux sont très réduits (par oppos. à économie ouverte).— économie dirigée: système dans lequel l'état oriente, régularise et contrôle l'activité économique du pays. Syn. dirigisme.— économie de marché.— économie internationale: mise en relation, par les échanges et l'investissement direct à l'étranger, des nations intervenant dans les espaces économiques nationaux.— économie mondiale: V. mondialisation.d3./d Harmonie existant entre les différentes fonctions d'un organisme vivant. L'économie animale.|| Fig. Distribution des parties d'un tout. L'économie d'une pièce de théâtre.Encycl. C'est à partir de la Renaissance que l' économie politique (l'expression apparaît en 1615) se détacha de la philosophie et se préoccupa exclusivement de la création et de la circulation des biens matériels à l'échelle nationale (d'où le mot politique: "de la cité"). Le premier grand traité fut publié en 1776 par Adam Smith. Vinrent ensuite Riccardo et Marx. La plupart des économistes estimaient que, dans une économie de marché, si on considère une assez longue période, le volume de la production trouve toujours son équilibre, ce qui assure le plein emploi. En 1936, Keynes montra que les équilibres de sous-emploi pouvaient également être durables. Les économistes entreprirent alors de déterminer les conditions de l'équilibre général, à l'échelle macroéconomique. Ainsi la science économique étudie-t-elle principalement les équilibres fondamentaux. Elle dispose d'un appareil statistique de plus en plus perfectionné et des techniques de la comptabilité nationale.I.⇒ÉCONOMIE1, subst. fém.Art de gérer :• 1. On appelle aujourd'hui économie l'administration préservatrice et ménagère de la fortune; et c'est parce que nous disons, avec une sorte de tautologie, économie domestique pour l'administration d'une fortune privée, que nous avons pu dire économie politique pour l'administration de la fortune nationale.SISMONDI, Nouv. principes d'écon. pol., 1827, p. 11.A.— Vieilli. Art de gérer sagement une maison, un ménage, d'administrer un bien. Sa fortune était médiocre et son économie détestable (FRANCE, Livre ami, 1885, p. 51) :• 2. Certes on ne pouvait rêver de plus grande attraction que ce prince arrivant en droite ligne d'un pays de mystère. Mais c'était son économie de maître de maison qui poussait Anne d'Orgel à déplorer que Naroumof débarquât sans crier gare.RADIGUET, Le Bal du comte d'Orgel, 1923, p. 179.— P. ext. Art d'administrer un bien, une entreprise par une gestion prudente et sage afin d'obtenir le meilleur rendement en utilisant les moindres ressources. Économie domestique (cf. ex. 1 et brasser1, ex. 1; cf. aussi BECQUET, Organ. loisirs travaill., 1939, p. 31). Économie privée (cf. PRADELLE, Serv. P.T.T. France, 1903, p. 122 et Univers écon. et soc., 1960, p. 5205). Économie rurale (cf. CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 543 et WOLKOWITSCH, Élev. 1966, p. 164).B.— Économie politique et p. ell. Économie. Ensemble de ce qui concerne la production, la répartition et la consommation des richesses et de l'activité que les hommes vivant en société déploient à cet effet. Synon. récent science économique (cf. économiste ex. 2) :• 3. C'est ainsi que l'économie politique classique analyse et systématise certains modèles économiques et certaines conduites collectives régulières touchant la production la plus efficace et les échanges les plus avantageux, afin d'indiquer les meilleurs moyens d'aboutir à la prospérité dans un cadre social déterminé (dont la variabilité lui échappe bien souvent).Traité de sociol., 1967, p. 22.— Spéc. Système général dans lequel vit une collectivité, une nation. L'économie féodale était une économie fermée où les échanges commerciaux étaient réduits au minimum et où le rôle de la monnaie était donc insignifiant (Gds cour. pensée math., 1948, p. 516). Économie socialiste ou planifiée (Traité sociol., 1968, p. 10) :• 4. Ce succès matériel, depuis 1870, était dû (...) surtout à des clients nombreux en Orient et en Amérique, dont les appétits s'éveillaient et qui n'avaient pas encore appris à y pourvoir eux-mêmes. L'économie dite libérale, en réalité très rigoureuse, excitait les initiatives et ne tolérait que des chefs éprouvés.CHARDONNE, Attachements, 1943, p. 173.SYNT. Économie libre, concertée, dirigée (cf. LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 171). (Société d') économie mixte (cf. BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 62).Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme œconomie. Ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. (cf. économe1).II.⇒ÉCONOMIE2, subst. fém.A.— Art de réduire la dépense.1. Art de réduire la dépense dans la gestion de ses biens, de ses revenus. Quasi-synon. épargne :• 1. J'ai déjà sept ou huit chevaux arabes charmants et j'en achète encore pour notre retour et pour tous nos voyages. C'est une grande économie car les chevaux à louer sont chers et ceux à acheter sont à très bon marché.LAMARTINE, Correspondance, 1832, p. 317.2. P. ext. Art de limiter la dépense, de diminuer la consommation de quelque chose lors de son utilisation. Les soirs d'été, elles ne veillaient pas, par économie de lumière (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 201) :• 2. On cherche par ce terme [« économies »] à apprécier analytiquement et directement la productivité partout et chaque fois qu'elle se manifeste d'une façon suffisamment concrète pour être mesurée dans la forme soit d'économie d'argent, soit d'économie de temps ou de matière.L'Univers écon. et soc., 1960, p. 4408.3. P. méton., souvent au plur. Ce qui est économisé.a) [L'économie porte sur autre chose que l'argent] Ses économies [à la Grande-Bretagne] porteront en particulier sur le tabac, les films et les produits de consommation courante (Monde, 19 janv. 1952, p. 2, col. 1) :• 3. J'étais amené à faire du côté de Verdun toutes les économies possibles et à demander au général Pétain d'obtenir plus de rendement des forces dont il disposait.JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931, p. 220.♦ Économie de bouts de chandelles. Économies minimes dont le résultat n'est pas proportionné au mal donné pour les réaliser (cf. ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 78).b) Absol. [L'économie porte sur l'argent] Sommes d'argent économisées (cf. économiser2, absol.). Là, point d'économie, point d'épargne, point de petit capital accumulé qui puisse faire vivre un jour de plus (PROUDHON, Propriété? 1840, p. 273). Le père Vabre était un vieil avare qui mettait ses économies dans des bas de laine (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 202).— Expressions♦ Faire des économies. Synon. de économiser.♦ À l'économie (fam.). De manière économe, sans dépenser beaucoup d'argent. Pour se nourrir à l'économie en Amérique, on peut aller s'acheter un petit pain chaud avec une saucisse dedans (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 254).♦ Par économie. Afin de réaliser une économie, des économies. C'était le curé de son village qui lui avait commencé le latin [à Charles Bovary], ses parents, par économie, ne l'ayant envoyé au collège que le plus tard possible (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 4).4. Au fig. Comportement consistant à réduire quelque chose qui coûte (travail, effort, temps, etc.). Économie de temps (cf. J. DE MAISTRE, Corresp., t. 2, 1806-07, p. 116). L'adaptation équivaut à une économie d'efforts qui, une fois réalisée, assure à chaque être à moins de frais, l'accomplissement paisible et régulier de ses fonctions (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 107).— Spéc., domaine des arts, des lettres, etc. Réduction du nombre des moyens d'expression volontairement limités à l'essentiel; sobriété du style :• 4. La lecture de Father and Son d'Edmond Gosse est pour moi un plaisir exceptionnel, une sorte de redécouverte de tout un monde que j'avais entrevu dans Mark Rutherford (...) Que j'aime cette économie de mots, cette rigueur dans le choix de l'expression, ce souci perpétuel de dire vrai!GREEN, Journal, 1949, p. 295.B.— P. ext. Distribution des éléments d'un ensemble complexe. Ces femmes enchanteresses, plus charmantes encore par la science de la parure et l'économie du regard (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 382).1. Domaine littér. Économie d'une pièce (cf. SAINTE-BEUVE, Portraits littér., t. 2, 1844-64, p. 125). Je n'entends pas à la façon de M. Hennique l'art et l'économie du style (FRANCE, Vie littér., t. 3, 1891, p. 143) :• 5. Hier, un violent disciple de Balzac souffletait Vauvenargues (...) pour avoir dit que ce n'est pas assez d'avoir de grandes facultés, qu'il faut en avoir l'économie : et remarquez qu'économie ne veut dire là qu'ordonnance, distribution, bon emploi et non épargne.SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 7, 1863-69, p. 123.2. Autres domaines. Économie animale ou économie. Celle du corps humain. Les fonctions qui lui sont propres [au pharynx, dans l'économie animale...] (LA MADELAINE, Chant, 1852, p. 6) :• 6. Quand pour une cause quelconque, la résistance de l'organisme vient à faiblir (...) ces agents pathogènes pullulent, envahissent l'économie.G.-H. Roger ds Nouv. Traité Méd., fasc. 1, 1926, p. 7.Rem. On rencontre ds la docum. a) Le subst. masc. plur. éconocroques, arg. Synon. de économies. Quant à l'hypothèse d'un casseur convoitant les éconocroques à Gabriel, elle prêtait à sourire (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 205). b) L'élément formateur économo-entrant dans la composition d'un adj. La politique du nivellement doit être atténuée pour des considérations relatives à la stabilité économo-financière (Univers écon. et soc., 1960, p. 4809).Prononc. et Orth. Cf. économie1. Étymol. et Hist. 1. 1370-72 yconomie « gestion intérieure d'une maison, d'une famille » (N. ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, livre 5, chap. 14, glose 20 : yconomie est gouvernement de hotel); 1546 economie (ESTIENNE, Dictionarium latinogallicum multo locupletus, s.v. oeconomia), réputé ,,vieilli`` ds DG; 2. fin XVe-XVIe s. (?) « ordre par lequel les choses sont administrées » (Petit traicté d'Alchymie, 832 ds Rose, éd. Méon, t. 4, p. 236); 1615 (H. DE MONTCHRESTIEN, Traicté de l'economie politique ds CIORANESCU 16e, 16011); 3. 1665 [éd.] « épargne dans la dépense » (LA ROCHEFOUCAULT, Réflexions ou sentences, CLXVII ds Œuvres, éd. D. L. Gilbert, t. 1, p. 98). Empr. au lat. class. oeconomia (gr. ) « organisation, disposition (dans une œuvre littéraire) »; le sens 1 directement empr. au grec.STAT. — Économie1 et 2. Fréq. abs. littér. :3 447. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 410, b) 2 929; XXe s. : a) 2 586, b) 7 772.BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 221. — HEINS (A.-M.). Geschichte des Wortes économie. Wissenschaftliche Zeitschrift der Karl-Marx-Univ. Leipzig. 1951/52, n° 3, pp. 11-12. — VENDRYES (J). Parler par économie. In :[Mél. Bally (C.)]. Genève, 1959, pp. 49-62.économie [ekɔnɔmi] n. f.ÉTYM. 1546; yconomie, v. 1371; lat. class. œconomia, de oikonomos. → Économe.❖———1 (V. 1371). Vx. Art de bien conduire, de bien administrer une maison. ⇒ Administration, gestion, ménage. || Économie domestique, privée. || Administrer sa maison, son ménage avec une sage économie.1 (L') économie est (l') art de gouverner un hôtel (une maison) et les appartenances pour acquérir (des) richesses.2 L'économie privée nous enseigne à régler convenablement les consommations de la famille.J.-B. Say, Traité d'économie politique, éd. de 1841, p. 453.♦ Par ext. Art de bien gérer les biens d'un particulier (rare dans cette acception par suite du développement du sens II).3 Ce mot ne signifie dans l'acception ordinaire que la manière d'administrer son bien; elle est commune à un père de famille et à un surintendant des finances d'un royaume (…) La première économie, celle par qui subsistent toutes les autres, est celle de la campagne (…)(…) L'économie d'un État n'est précisément que celle d'une grande famille (…)C'est en France et en Angleterre que l'économie publique est le plus compliquée. On n'a pas d'idée d'une telle administration dans le reste du globe (…)Voltaire, Dict. philosophique, Économie.4 Toute région habitée par une population sédentaire se transfigure peu à peu (…) Une terre entreprise depuis des siècles est donc une œuvre des actes de la vie : l'économie et la volonté humaine s'y sont inscrites (…)Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 256.♦ (1615, œconomie). Spécialt. || Économie politique (aux XVIIe et XVIIIe s.) : art d'administrer, de gérer les richesses de l'État, de la cité. || Traité de l'œconomie politique, d'A. de Montchrestien. || Une sage économie politique. → 1. Pratique, cit. 2. — (1615). || Économie publique (→ ci-dessus, cit. 3, Voltaire); économie générale. ⇒ Administration, gestion. — REM. Pour le sens actuel, → ci-dessous I., 3.5 Économie (…) ne signifie originairement que le sage et légitime gouvernement de la maison, pour le bien commun de toute la famille. Le sens de ce terme a été dans la suite étendu au gouvernement de la grande famille, qui est l'État. Pour distinguer ces deux acceptions, on l'appelle dans ce dernier cas, économie générale ou politique (…)2 (XVIIe). a Littér. Organisation des divers éléments (d'un ensemble); manière dont sont distribuées les parties. ⇒ Arrangement, distribution, harmonie, ordre, organisation, structure. || L'économie du corps humain. || L'économie animale. || L'économie d'une entreprise, d'une affaire. || L'économie d'une loi. || L'économie générale d'une œuvre littéraire (⇒ Plan).6 Vous fûtes témoin avec quelle pénétration d'esprit il (Colbert) jugea de l'économie de la pièce (…)Racine, Britannicus, Épître dédicatoire, À Monseigneur le Duc de Chevreuse.7 Tout est disposé dans l'univers avec une économie digne de l'auteur de la nature (…)8 (…) tous ces globes (les astres) ne se choquent point, ils ne se dérangent point (…) ô économie merveilleuse du hasard !La Bruyère, les Caractères, XVI, 43.9 (…) rien ne vous est caché de leur économie (des corps humains) (…)La Bruyère, les Caractères, XIV, 68.10 On sait (…) combien la nécessité de produire sans arrêt (…) a grevé l'économie même de son œuvre (de Balzac) gigantesque, certes, mais hâtive, fiévreuse, encombrée (…)Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 338.♦ Ling. Principe d'organisation de l'énergie requise pour satisfaire aux besoins de la communication. || Économie des changements phonétiques, ouvrage d'A. Martinet.3 (Sens précisé vers le milieu du XVIIIe; → ci-dessous, cit. 14). || Économie politique ou économie : science qui a pour objets la connaissance des phénomènes concernant la production (⇒ Chrématistique), la distribution et la consommation des richesses, des biens matériels dans la société humaine. Syn. : science économique ou science de l'économie. ⇒ Macroéconomie, micro-économie. || L'économie politique, science sociale, liée à la sociologie. || L'économie politique étudie les besoins (⇒ Besoin, richesse; utilité, valeur), les facteurs de la production (richesses naturelles : ⇒ Énergie, matière [matières premières]…; démographie, population; productivité, travail; capital, investissement, machinisme), l'organisation de la production (⇒ Agriculture, industrie; artisanat, coopérative, corporation, entreprise, exploitation, société; capitalisme, concurrence; association, cartel, cartellisation, concentration, intégration, duopole, monopole, oligopole, trust; collectivisme, socialisme), la circulation des richesses (⇒ Circulation, commerce, échange, transport; achat, troc, vente), les prix (⇒ Prix; demande, marché, offre), le crédit (⇒ Crédit; banque), la monnaie (⇒ Monnaie), la bourse; les échanges internationaux (⇒ Commerce; change, douane…), la répartition des richesses (⇒ Gain, intérêt, profit, propriété, rente, revenu, salaire; plus-value); le rôle de l'État dans la production, la répartition… (⇒ Collectivisme, dirigisme, étatisme, nationalisation, planification, travail [travaux publics]; budget, finance, trésor [public]; impôt; droit, taxe; rationnement…); la consommation (⇒ Consommation, dépense, épargne…). || La méthode en économie politique. ⇒ Conjoncture, prévision, statistique. || Doctrines en économie politique. ⇒ Collectivisme, coopératisme, dirigisme, étatisme, industrialisme, libéralisme, marxisme, mercantilisme, physiocratie, socialisme, syndicalisme, utilitarisme… — Apprendre, étudier l'économie politique. || Cours, professeur, traité d'économie politique. || En France, l'économie politique est enseignée à la faculté de droit. || Étudiant en droit qui fait de l'économie politique (argot scol. : écopo [ekopo] 1950; in D. D. L.).11 Traité d'économie politique ou simple exposition de la manière dont se forment, se distribuent et se consomment les richesses.J.-B. Say, Titre du Traité de 1803.12 Heureusement l'économie politique lui restait encore (…) Bien qu'elle doive être considérée comme une science, c'est-à-dire comme un tout organique, cependant quelques-unes de ses parties intégrantes en peuvent être détachées isolément.Baudelaire, les Paradis artificiels, Un mangeur d'opium, IV.13 L'économie politique a pour objet, parmi les rapports des hommes vivant en société, ceux-là seulement qui tendent à la satisfaction de leurs besoins matériels (…)Ch. Gide, Traité d'économie politique, t. I, p. 3.14 (…) naguère encore, on enseignait couramment, que le père de l'économie politique (…) était Adam Smith, l'illustre Écossais, auteur de l'Essai sur la richesse des nations (1776)… Depuis un tiers de siècle environ, l'accord se fait de plus en plus pour reconnaître le droit de paternité de Quesnay, et l'origine française de l'économie politique scientifique, née chez nous (…)René Gonnard, Hist. des doctrines économiques, p. 186.15 La production et la consommation ne sont économiques que par un certain côté. À les prendre dans leur totalité, elles impliquent un grand nombre de notions étrangères à l'économie politique (…) empruntées (…) à la technologie (…) à la physiologie, à l'ethnographie (…) L'économie politique traite de la production et de la consommation (…) dans la mesure où elles sont en rapport avec la distribution, à titre de cause ou d'effet.16 L'économie politique est un département dans cette vaste province du savoir humain que forme la Sociologie ou Science sociale.G. Pirou, Introd. à l'étude de l'économie politique, p. 11.♦ Vocabulaire de l'économie politique. ⇒ ci-dessus, et : Abondance, abondanciste, agrégat, anti-inflationniste, autarcie, auto-consommation, auto-financement, autogestion, bloc, blocus, cartellisation, centrale (d'achats), chalandise, circuit, collectivisation, commercialiser, compétitif, complexe, concurrence, concurrentiel, concerter, conjoncture, conjoncturel, conjoncturiste, consommation, consortial; décartellisation, déflationniste, déplanification, dési(dé)rabilité, despécialisation, développement, directivisme, distorsion, dumping, fourchette, implantation, leasing, libéralisation, libération, libre-échangisme, macrodécision, marginalisation, marketing, maximation, microdécision, modèle, monopoliste (-ique), monopsone, néocapitalisme, néocolonialisme, néolibéralisme, oligopole, opacité, optimiser, pénibilité, plan, planisme (-iste), prescripteur, prévision, prévisionniste, processif, productivisme, ratio, récessif, reconversion, reconvertir, recyclage, régionalisation, rentabiliser, semi-fini, semi-produit, socio-économique, surcapacité, surchauffe, surconsommation, surdéveloppé, surprofit, sursalaire, techno-économique, transparence.♦ Économie agricole ou rurale; économie industrielle : parties de l'économie politique relatives à l'agriculture, à l'industrie.17 L'économie industrielle n'est que l'application de l'économie politique aux choses qui tiennent à l'industrie.J.-B. Say, Cours complet d'économie politique pratique, t. I, éd. de 1840, p. 34.♦ Économie humaine : l'économie politique sous l'angle des valeurs humaines (alimentation, habitation; niveau de vie; conditions de travail; éducation, hygiène, médecine…). — Économie sociale : ensemble des connaissances relatives à la condition ouvrière et à son amélioration. — Spécialt. Pour certains économistes (Walras, Ch. Gide), Ensemble des études tendant à la détermination et à la réalisation d'un idéal dans l'ordre économique.♦ REM. Les économistes modernes ont tendance à préférer l'emploi de économie sans l'adj. politique (sauf à préciser le domaine par d'autres adjectifs). — Économie pure, appliquée. || Économie mathématique, statistique (⇒ Économétrie).♦ (Tendances, écoles). || L'économie marxiste, post-marxiste. || L'économie keynésienne.➪ tableau Noms de sciences et d'activités à caractère scientifique.4 Activité, vie économique; ensemble des faits relatifs à la production, à la distribution et à la consommation des richesses dans une collectivité humaine. || Économie mondiale, européenne. || Ministère de l'Économie. || Étudier l'économie des États-Unis, de l'U. R. S. S. (→ Géographie économique). || Économie en plein développement, en période de prospérité; économie en expansion; économie en crise (⇒ Boom, krach; crise, cycle…). || Vivre en économie fermée (⇒ Autarcie, autoconsommation). || Économie de subsistance. || Économie primitive. || Économie moderne. || Les économies des pays en développement.18 Merveilles de l'art agricole et merveilles de l'art du vêtement, ils (les vins et les tissus français) ont partout fait connaître ce qu'il y a de plus raffiné dans l'économie française.Demangeon, Géographie économique et humaine de la France, t. I, p. 14.18.1 Dans les économies de subsistance du passé (et même du présent), l'extrême richesse côtoyait souvent l'extrême pauvreté.A. Sauvy, Croissance zéro ?, p. 301.♦ Économie capitaliste (opposé à étatisme, socialisme); économie libérale. ⇒ Capitalisme, libéralisme. || Économie de marché. || Économie dirigée, planifiée, qui comporte une forte intervention de l'État. ⇒ Dirigisme (cit. 1). || Système d'économie collectiviste. || Économie collectivisée. — Économie fermée, autarcique.18.2 Les paysans ont vécu et vivent encore dans cette période en économie naturelle ou fermée. Ils disposent de peu d'argent; la gestion se distingue en celle de la maison avec ses dépendances (jardin, poulailler, etc.) où règne la femme, et celle de l'exploitation, domaine de l'homme. Les provisions en nature, en semences, en conserves, constituent un fonds que l'on gaspille parfois en le jetant dans le tourbillon de la Fête.Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, 1968, p. 70.♦ Économie concertée : principe d'organisation de la prise de décision économique en commun par l'État et les entreprises privées. || Sociétés d'économie mixte : « sociétés dans lesquelles l'État ou une collectivité publique sont associés à des capitaux privés » (Bernard, Colli et Lewandowski).♦ (V. 1997; trad. de l'angl. new economy). || Nouvelle économie : ensemble des activités économiques liées à Internet et à sa très forte expansion mondiale. || L'explosion de la nouvelle économie. — On trouve aussi l'anglicisme net-économie.———II1 (L'économie). (XVIe). Cour. Gestion où l'on évite toute dépense inutile. ⇒ Épargne, parcimonie; frugalité, mesure, modération, sobriété, tempérance (→ Bienfaisance, cit. 1); prévoyance. || Avoir de l'économie; vivre avec économie. || Économie excessive, sordide. ⇒ Avarice (cit. 4), mesquinerie. || Économie très stricte.19 Si je ne vous fais pas aussi bonne chère que je voudrais, c'est la faute de Monsieur votre intendant, qui m'a rogné les ailes avec les ciseaux de son économie.Molière, l'Avare, V, 2.20 (…) plus riches par leur économie et par leur modestie que de leurs revenus et de leurs domaines.La Bruyère, les Caractères, VII, 22.21 Les biens qu'acquiert une utile industrieOu ceux que la vertu doit à l'économie (…)M.-J. de Chénier, Gracques, II, 3.22 Devenue veuve, elle gérait avec une sévère économie son modique avoir (…)France, le Petit Pierre, XVII, p. 105.2 (Une, des économies). Ce qu'on épargne, ce qu'on évite de dépenser. || Une notable, une sérieuse économie. || Réaliser une économie de matières premières. || Faire des économies d'énergie : diminuer la consommation de pétrole, de gaz, d'électricité. — ☑ Loc. prov. Il n'y a pas de petites économies. — ☑ Loc. Faire des économies de bouts de chandelle.23 Là où le patron a tort, c'est quand il s'obstine, pour une économie de bouts de chandelle, à employer un calicot de mauvaise qualité.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, VIII, p. 78.♦ Économies d'énergie. Cf. le slogan (1982-1983) : la chasse au Gaspi.♦ Fig. || Une sérieuse économie de temps et d'argent. || Économie d'effort, de fatigue.♦ ☑ Loc. fig. Faire l'économie de : éviter, se dispenser de. || Elle a fait l'économie d'un coup de téléphone. || Il a fait l'économie d'une explication.♦ (1829). Au plur. Somme d'argent que l'on a économisée. || Faire des économies. ⇒ Économiser, épargner; boursicoter (vx), compter, lésiner, regarder (à la dépense). → Mettre de côté, et, fam., à gauche; garder une poire pour la soif. || Avoir des économies. ⇒ Pécule, réserve; éconocroques (argot.). → Bas de laine… || Mettre ses économies à la caisse d'épargne. || Tirelire contenant les économies d'un enfant. || Placer ses économies. || Le montant de mes économies.24 Tous ces grands artistes brûlent la chandelle par les deux bouts (…) Mais ils meurent à l'hôpital, parce qu'ils n'ont pas eu l'esprit, étant jeunes, de faire des économies.Flaubert, Mme Bovary, XIV, p. 141.❖CONTR. (II.) Dépense, dilapidation, dissipation, gaspillage, prodigalité, profusion. — Démesure, excès.DÉR. Économètre, économétrie.COMP. Macroéconomie, micro-économie.
Encyclopédie Universelle. 2012.